Mon nouveau travail – Episode I
Vous l’attendiez tous avec impatience… voici le récit de ma première semaine de travail !
Comme je vous l’ai déjà dit, trouver un boulot ici n’est pas facile, facile… J’ai répondu à de nombreuses offres d’emploi correspondant parfaitement à mon profil sans même avoir ne serait-ce qu’un coup de fil ou une convocation à un entretien… Le blues du champignon chômeur…
J’ai fini par trouver quelque chose grâce à ma copine Albane, qui est en fait, au départ, une copine d’Anaïs. Un jour que je discutais avec elle de mes problèmes d’emploi, elle m’a informée qu’ils cherchaient quelqu’un dans sa boîte pour un contrat de 7 mois. Elle m’a donné le numéro de sa boss, j’ai téléphoné, passé des entretiens, des tests d’informatique et me voilà engagée. Vivent les relations !
Je travaille donc depuis le 25 octobre dernier à l’organisation d’un très gros salon professionnel, côté opérations, ce qui signifie que c’est moi qui vais m’occuper de tous les problèmes pratico-pratiques des exposants (du genre : nombre de prises électriques sur leurs stands, couleur de la moquette, texte figurant sur les enseignes, permis d’importation de vin, badges, cartons d’invitation, emplacement des stands, facturation, catalogue, etc.)
Pas franchement intellectuel comme job mais formateur : j’espère bien revendre cette expérience pour travailler ensuite au sein d’un service de communication (le volet organisation d’événements manquait à mes compétences.)
Les horaires : 9h-17h. Je sais, c’est dingue ! Les Québécois n’ont pas beaucoup de vacances mais les journées sont raisonnables (il y a une vie après le travail.)
Evidemment, plus la date du salon approchera, plus je risque de faire des heures supplémentaires. Mais ici les heures sup. sont payées. On est d’ailleurs payé à l’heure (assez mal en ce qui me concerne), ce qui signifie que si on travaille 35h on n’est pas payé 39h, et le salaire est versé tous les 15 jours.
Seul hic : pas de vacances. Sauf que… j’ai découvert avec stupeur et bonheur que le bureau fermait pendant les fêtes de Noël (apparemment c’est courant ici) ce qui signifie que je vais pouvoir partir au soleil une dizaine de jours ! Youpiiiiiiiiii ! Mexique ? Cuba? On hésite… (hihihi !!)
Cette semaine, n’étant pas ce qu’on appelle débordée, je suis devenue correctrice officielle de l’entreprise, ce qui a fait grand bien à mon ego écrivain assez malmené par l’affaire de l’agresseur avec deux G…
Mardi, ma boss Claudine m’apporte un texte en me disant qu’il a déjà été corrigé mais que bon, on ne sait jamais… Je le relis de bon cœur (rien d’autre à faire) et je trouve des dizaines de fautes : d’orthographe, de grammaire, de syntaxe, de ponctuation, bref des fautes de tout, partout… Et le texte avait déjà été relu et corrigé par deux personnes différentes ! Claudine était tellement sur le c-l qu’elle m’a finalement fait relire tout le document (et il est long.) Ensuite c’est Marie-Noëlle qui m’a sollicitée « Claudine m’a dit que tu avais des yeux de lynx… » Comme quoi, on a beau avoir des lunettes… J’avoue que par moment j’avais l’impression de perdre mon latin… Tant de fautes…
Mes amis, la langue française va mal. Vous qui, pour certains, êtes déjà parents, je vous priE de faire faire des dictées à vos petits dès le plus jeune âge (Trois ans me paraît l’âge parfait pour débuter : c’est celui auquel ma mère essayait de m’apprendre à lire… Les mères sont aveugles !)
En parlant d’enfants, je pense que je suis dégoûtée (ici on dirait sans doute épeurée) à tout jamais… Jeudi midi toute l’équipe est allée déjeuner sur Saint Laurent et Claudine et Hélène nous ont raconté leurs premières expériences de jeunes mères (leurs enfants sont grands maintenant) : comment elles ont frôlé la crise d’hystérie en réalisant soudain qu’elles étaient pognées avec leur chiard jusqu'à leur mort, comment aller acheter du lait en janvier devient une expédition de deux heures car il faut protéger le petit du froid polaire, comment leur bébé est tombé de la poussette la face dans la neige, etc. A mourir de rire ! Je pense que je vais bien m’entendre avec ces deux-là !
Je dois dire que je suis hyper contente de travailler avec des Québécois. J’adore tellement leur façon de parler. Claudine sacre en tabernouche ! Il y a du calisse, simonac, sacrament et maudite marde dans toutes les phrases… J’adore !!
Il y a deux ans, Albane occupait le poste que j’occupe à présent. Un jour Claudine lui a dit « tu m’apportes ça au PC ». Au Palais des Congrès (où a lieu le salon) ? Non ma chère : au plus crisse !! (L’équivalent de ASAP, en fait.)
Vous l’aurez compris, mes nouveaux collègues de travail sont dans l’ensemble assez sympathiques. Dans l’ensemble. Car figurez-vous que j’ai eu le déplaisir de rencontrer un partisan de G.W.Bush en chair et en os (ça ne m’était jamais arrivé figurez-vous…) C’est un anglophone mais je ne sais pas s’il est Canadien ou Américain (en tout cas il avait l’air très concerné) qui, de surcroît, affirme sans sourciller que les Français sont antisémites, tout le monde sait ça. Ben mon crisse ! T’es donc ben épais !
A mort les généralités ! Les Français ne sont pas ceci, les Québécois ne sont pas cela (les Belges en revanche...) Certains sont comme ceci, d’autres sont comme cela. Point final. Pour vous dire : on m’avait avertie que les Québécois n’avaient pas du tout le sens de l’ironie (ce qui m’avait drôlement inquiétée quant à ma capacité à m’intégrer ici - on connaît mon cynisme incontrôlable.) Faux, archi-faux ! Jusqu'à maintenant tous ceux que j’ai rencontrés (Roxane, Pierre-Olivier, Sébastien, mes nouveaux collègues) sont les champions du sarcasme et de l’autodérision.
Et je l’affirme haut les fort : tous les Français que je connais se lavent !
A propos des élections américaines, Pierre-Olivier m’a fait part de statistiques fort instructives : il paraîtrait que le candidat qui vend le plus de masques à son effigie pour Halloween est immanquablement élu (je pensais qu’à Halloween on se déguisait pour faire peur, mais bon… les statistiques ne mentent jamais.) Et qui a vendu le plus de masques cette année ? Désolée pour cette terrible nouvelle mais c’est Bush…
Sur ce constat effroyable (le monde va mal ou l’homme est fou, au choix), je vous laisse.
Bises
Aurélie