La quille, calisse, la quille !
Vendredi soir, comme tous les vendredis depuis le début du mois de juillet, votre serviteur (euh…serviteuse ? servitrice ? Au Québec on parle au féminin mais j’ai du mal à m’y habituer) était de garde à Mémoire des Sens, chandelles en tout genre : parfumées ou non, rondes, carrées, en forme de citrouille pour Halloween, de champignons parce que c’est l’automne, de cerises parce qu’on n’a pas vendu celles de l’été ou de cœur parce qu’on a récupéré un vieux stock de la Saint Valentin 2004…
Heures de présence : 17h-21h, comme chaque semaine, les magasins faisant nocturne le jeudi et le vendredi.
Bilan de la soirée : aucune vente d’aucune sorte. Aucun contact humain d’aucune sorte. Personne dans la boutique. Personne sur le seuil de la porte. Personne nulle part. La routine.
En temps normal je suis d’humeur assez dépressive quand je sors de là. La semaine passée (non celle d’avant en fait), il avait suffit qu’un connard de machiste me crie « J’ai vu ta culotte » (j’avais mis une mini-jupe, une fois n’est pas coutume…) par la fenêtre de sa voiture pour qu’instantanément :
1/ Je fonde en larmes ;
2/ Je décide de renoncer à tout jamais à la mini-jupe ;
3/ Je me considère en pays hostile ;
4/ Je mange un pot de Nutella grand format en entier (on s’étonnera que j’aie des allergies aux noix !).
(« J’en ai maaaaaaaaaaaaaaarre… J’suis nuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuulle… »)
Mais vendredi dernier, de cri point, de larme point, de déprime point non plus car… c’était MON DERNIER JOUR !
La fin de l’enfer.
La fin des envies de suicides.
La fin de l’ennui.
La fin de la fin.
Je me rappelle avec jubilation l’instant béni entre tous où j’ai donné ma démission ; le bref instant où mon tout-puissant patron, celui qui sait toujours tout sur tout, celui qui a toujours tout prévu, ce maudit français qui a toujours réponse à tout, dieu incarné en somme, cet instant où il s’est retrouvé pris de court, la bouche s’ouvrant et se refermant dans le vide sans que – pour une fois – aucun son n’en sorte. Infime instant, bien sûr, la nature ayant bien vide repris le dessus : « Je me doutais que ça allait arriver »… M’en fous : j’ai eu mes deux secondes de jouissance !
Pierre Olivier, mon collègue, était bien triste que je m’en aille. Il m’a offert des chocolats et annoncé qu’il allait demander une augmentation… Je l’y ai bien sûr encouragé : faut profiter des moyens de pression dont on dispose… un seul vendeur pour 56 heures d’ouverture du magasin, c’est l’occasion ou jamais de faire du chantage. Les affaires sont les affaires et ce n’est pas le propriétaire qui pourrait dire le contraire, lui qui se prend pour un business man (j’exagère : lui qui est business man et qui se prend pour un bon.)
Déterminée à fêter ça, j’ai décidé de sortir et me suis retrouvée, malgré moi, dans un bar sur Saint Laurent (Saint Laurent, vous vous souvenez ?) : le Rouge. De la pitoune à profusion, comme de bien entendu, et un DJ qui n’avait pas acheté de nouveau disque depuis 1986.
Pensez-vous que cela ait terni ma soirée : que nenni ! J’avais dit adieu au royaume de l’ennui : à côté le Rouge c’était super le fun.
Bonyenne ! Je ne remettrai plus les pieds dans cette crisse de boutique si ce n'est pour aller chercher ma paie : asteure, rien ne peut me faire plus plaisir, tabarnac!
En plus, aujourd’hui, j’ai commencé un nouveau travail… mais ça je vous le raconterai au prochain épisode : un peu de suspense pour tenir son public en haleine…
Grosses bises
Aurélie