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Avertissement

Sens de l'humour et esprit critique sont requis pour apprécier la lecture de ce blog. Il est fortement recommandé de ne pas prendre les propos de l'auteur au 1er degré!

(Tous les textes de ce blog sont la propriété de l'auteure. Ils ne peuvent être reproduits sans citer son nom. Merci!)


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Bon théâtre!

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Chic Moustache

Vous cherchez des t-shirts qui représent le Québec sans tomber dans les clichés? Chic Moustache est fait pour vous!! Allez donc jeter un oeil!

 

Logo-pour-blog-Aurélie

 

 

 

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«Entrer chez les gens pour déconcerter leurs idées, leur faire la surprise d’être surpris de ce qu’ils font, de ce qu’ils pensent, et qu’ils n’ont jamais conçu différent, c’est, au moyen de l’ingénuité feinte ou réelle, donner à ressentir toute la relativité d’une civilisation, d’une confiance habituelle dans l’ordre établi.» Paul Valéry (merci Annie)

9 février 2005 3 09 /02 /février /2005 00:00

 

 

Petits succès personnels

 

 

 

 

En ce moment, on ne peut pas dire que je m’épanouisse franchement dans ma vie professionnelle. Autrement dit et pour être sûre de me faire bien comprendre : je me fais chier, sur-chier et over-chier. La majeure partie de mon temps est consacrée à des taches administratives débilitantes parmi lesquelles j’ai noté : passer des fax, classer des papiers, saisir des informations dans la base de données, imprimer des lettres, imprimer des étiquettes d’adresses à coller sur les enveloppes dans lesquelles je mets les lettres fraîchement imprimées, coller les enveloppes, les affranchir, enregistrer le montant des timbres dans un fichier Excel, etc. Sans doute y a-t-il des gens qui s’épanouissent dans ce type d’emploi (je leur souhaite du moins) mais pas moi. Les seules fois où je fais quelque chose qui nécessite une intervention minime de mon cerveau, je dois faire valider le résultat par ma supérieure avant de pouvoir en faire quoi que ce soit. Et je ne parle pas d’une nouvelle formule de fission nucléaire mais bien de vulgaires tableaux Excel récapitulant, par exemple, les exposants inscrits au Salon au cours de la semaine précédente. Envie de me pendre. Plus les journées passent, plus mon cerveau se liquéfie. Il sent bien qu’il ne sert à rien dans ce monde, qu’on le méprise, qu’on le conchie, alors il a décidé de nous quitter, doucement, sans faire de bruit, espérant trouver un monde meilleur ailleurs. J’essaie de le convaincre à coup de photocopies et de tampons que ce n’est pas la solution mais il ne veut plus me croire. Je pense que nous l’aurons bientôt perdu.

 

 

 

Dans ce désert intellectuel, je dois, pour survivre, me réjouir de mes petits succès personnels. Par exemple ce matin j’ai réussi à faire mes lacets. Et hier j’ai réussi à donner la monnaie exacte au vendeur de tickets de métro. Et même que ce soir, j’ai réussi à consulter le répondeur de Christophe, *98 puis le mot de passe. Et puis j’ai cuisiné un délicieux velouté de champignons. Eh oui, je me mets à faire la cuisine, c’est dire comme le moral est bas.

 

 

 

Mais le petit succès personnel dont je suis le plus fière, je l’attendais depuis des mois. Et je vous le livre tout frais tout chaud : je suis reçue à mes examens de psychologie! Ben oui, vous savez bien que j’ai repris des études l’année dernière… Après être allée à Ottawa pour passer les examens (la moitié en juin et la moitié en septembre, m’étant mise à travailler beaucoup trop tard pour avoir le temps d’assimiler toutes les matières d’un coup), après que l’université a eu perdu mes copies, après avoir pleuré comme une Madeleine à cette nouvelle, rapidement soulagée d’apprendre que la fille de l’ambassade d’Ottawa en avait fait des photocopies et que je n’aurais donc pas à repasser les examens, après avoir passé des dizaines de coups de téléphone sans réponse, après m’être énervée par courriel, après avoir eu envie de tuer tout le service de la scolarité, bref après des mois d’attente et de frustration, j’ai enfin eu le résultat des courses : reçue. Moyenne générale 13,32/20 !! Ben oui, je suis fière de moi. Je sais que ce n’est que la première année du DEUG mais je suis fière quand même. Même que j’ai décidé d’ouvrir mes livres de deuxième année à partir du week-end prochain pour pouvoir passer toutes les matières en juin cette fois.

 

 

 

Évidemment, je ne suis toujours pas inscrite en 2ème année, évidemment, je n’ai pas reçu ma carte d’étudiant, celle sans laquelle je ne pourrai de toutes façons pas passer les examens, évidemment je suis encore affreusement en colère et j’ai le sentiment très pénible qu’on se fout de ma gueule, évidemment il me semble que la madame Lombard de l’université dont tous les courriers et courriels se perdent mystérieusement dans la nature me persécute, mais j’essaie de me concentrer sur cette bonne nouvelle. Parce que sinon je dépéris. Et puis si je n’ai pas mon visa canadien avant des mois, peut-être que je pourrai demander un visa étudiant et entamer une formation au journalisme ici, tout en continuant la psychologie par correspondance. Comme ça quand j’aurai le droit de travailler, je pourrai postuler pour un nouveau job de secrétaire à 12$ de l’heure bruts (=7,50 euros) en ayant une maîtrise de gestion, un DESS d’économie de la santé, une licence de psychologie et un certificat en journalisme. Et je pourrai me lancer à corps perdu dans la dépression.

 

 

 

D’ici là je vous bise.

 

 

 

Aurélie, éternelle étudiante

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 février 2005 3 02 /02 /février /2005 00:00

 

Déménagement

 

 

 

 

Maintenant que vous êtes tous au courant de la nouvelle, je peux vous raconter mon déménagement.

 

 

 

Nous sommes vendredi soir et la température ambiante est de 35 degrés. +35 degrés. Il semble que le gérant de l’immeuble, soit excessivement frileux. Vulcain en personne. Ma copine Odile qui habite au 3ème  étage a trouvé un bouton à l’intérieur de son radiateur et a réussi à l’éteindre : son thermomètre indique +26 degrés, chauffage coupé ! J’ai cherché ledit bouton à l’intérieur de mon radiateur à moi mais je n’ai malheureusement rien trouvé. Résultat, je vis nue.

 

Christophe est venu m’aider à faire les cartons. Désireuse de conserver un semblant de décence et soucieuse de ne pas lui faire regretter notre projet de vie commune avant même qu’il ait commencé, je décide de conserver mon tee-shirt et mon jean et de ne pas exhiber ma vieille culotte confortable mais moche, pas assortie à mon soutien-gorge. Ceci étant, je crève de chaud.

 

 

Tiens t’as fait une lessive. T’inquiète, elle sera sèche dans deux heures. Et c’est vrai. Il fait dans mon appartement la même température que dans un sèche-linge.

 

 

 

Christophe, affamé, propose de cuire des nouilles. J’ai très faim moi aussi, mais je rêve d’une salade, d’une crème glacée et d’une boisson fraîche. Les nouilles là comme ça, rien que d’y penser, j’en suis malade. Seulement voilà, j’ai fini la bouteille de Sprite hier, et le nouveau sirop de Grenadine que j’ai acheté goûte le chien mouillé. Il me faut un Coca d’urgence. Il y a bien du Coca dans le frigo du dépanneur (=épicerie) du coin mais pas dans le mien. Et dehors, il fait aussi 35, mais en dessous de zéro. Autant dire que s’y risquer est synonyme de choc thermique. Tant pis, je reste dans l’étuve, sans manger et sans boire de Coca, un verre d’eau fera l’affaire.

 

 

 

Une fois rassasié, Christophe entreprend de poser deux-trois trucs dans un carton, puis s’assied, au bord du malaise. J’ai moi aussi la tête qui tourne à m’agiter dans cette fournaise. Et puis, je ne sais pas par où commencer. Je suis atterrée par tout le bordel accumulé en 9 mois et demi de présence sur le sol canadien. C’est ça le MINIMUM vital ?? Christophe, lui, est atterré par le contenu de ma salle de bain. C’est quoi toutes ces crèmes ? Mais… tu les as apportées de France ???? Tu viens passer 6 mois au Canada (ben oui au départ je venais pour 6 mois) et tu emportes 37 pots de crème ??????? T’es pas un peu dingue ???????????????????????? Euh… mais t’inquiète pas, on trouvera de la place.

 

J’avoue que j’ai un problème avec les produits cosmétiques. Je ne fume pas, je ne bois pas, je n’aime pas le café, je ne me maquille pas mais j’ai une consommation démesurée de crèmes en tout genre. Je crois avoir, en tout, plus d’une dizaine de crèmes pour le visage, sans compter les masques : raffermissante, hydratante, adoucissante, anti-rougeurs, tonifiante, vitaminée, antirides, contour des yeux et j’en passe. J’en ai autant, voire plus, pour le corps : pour peau sèche, très sèche, ultra sèche, sensible, qui tiraille, qui gratouille, qui démange, crème pour le buste, crème pour les mains, crème pour les pieds, huile prodigieuse, etc. Tout ce que le marketing invente, je l’achète. Il faut bien que j’aie quelques vices…

 

Mais je suis quand même fière de moi : le tout tient dans un seul carton. « Ce n’est pas la place que ça prend quand c’est tassé qui m’inquiète » me balance mon futur colocataire, mesquin.

 

 

 

Le temps passe, Roxane va bientôt venir chercher Christophe pour aller guincher chez leur pote Mickson et nous n’avons presque rien fait. Depuis une dizaine de minutes, nous sommes allongés sur le lit, inertes. Tout à coup, l’idée du siècle. Je vais demander à Rox de m’apporter une canette de Coca. Vite, vite, le numéro. De bonne humeur comme toujours, flyée comme toujours, Roxane m’apporte l’ambroisie, un bonnet rose sur la tête. A l’instant où je le vois c’est décidé, il me faut le même. Tiens, je commence à comprendre comment j’accumule tout ce bordel… C’est sûr que je n’en ai pas besoin, c’est sûr que j’ai déjà un bonnet et qu’en plus je ne le mets pas car ma capuche magique me suffit, mais un bonnet rose, quand même… Sur le pas de la porte de l’immeuble, je suis en tongs, ce qui ne manque pas de surprendre Fred : « Ben qu’est-ce que tu fous en gougounes en plein hiver ? » C’est que chez moi, il fait super chaud. Allez faire comprendre ça à une personne normalement constituée.

 

 

Christophe parti, je fais tomber le jean, je bois mon coca et je me prépare une tartine de Nutella. Tout à coup j’ai retrouvé l’appétit... Allez, une seconde tartine.

 

 

 

Incapable d’entamer quoi que ce soit qui ressemble à de l’empaquetage, je fais les 100 pas, nerveuse. Est-ce que j’ai trop d’affaires, est-ce que Christophe a paniqué en voyant tout le bordel que j’allais apporter avec moi, est-ce qu’il a changé d’avis et qu’il va me dire de rester chez moi ? Est-ce que, est-ce que, est-ce que… Et est-ce que deux minutes je pourrais arrêter de me prendre la tête, je vous le demande. Je pourrais mettre ça sur le compte de la chaleur mais cela serait malhonnête. Qu’est-ce que je suis fatigante quand même ! Bon c’est décidé, à partir de maintenant je suis zen.  Arf ! J’ai du prononcer cette phrase des centaines de fois. Je suis comme un fumeur qui jure que c’est la dernière à chaque fois qu’il grille une cigarette. Je me demande à quoi ressemble la vie des gens qui ne se posent pas toujours trente-six questions, dont 35 totalement sans pertinence.

 

 

 

Une heure du matin. Il serait temps d’aller me coucher mais je suis en nage. A la place je vais prendre une douche froide, ça me remettra les idées en place. Pour le reste des préparatifs, on verra demain.

 

 

 

 

 

Après 7 heures d’un sommeil agité, je me réveille avec un mal de crâne épouvantable. Evidemment : la température de la pièce ne s’est pas soudainement effondrée pendant que je dormais. Je suis loin de mon quota d’heures de sommeil, mais il fait si chaud que je ne parviens pas à me rendormir. J’ai encore envie de prendre une douche froide. Apparemment mes voisins aussi, qui ont déjà pris une douche à la même heure que moi hier soir. Je suis bien contente qu’ils crèvent de chaud eux aussi, tiens, et s’ils pouvaient mourir, ces matante qui me réveillent toutes les nuits en rigolant bêtement, en chantant ou en tirant à la carabine à plombs (ils sont forcément sous l’emprise de la drogue… on ne peut pas avoir un rire à ce point crétin au naturel), ça me ferait bien plaisir. Ce n’est pas parce que je m’en vais que je cesse de les haïr.

 

 

 

Bon maintenant, il s’agit d’être efficace. C’est que j’ai encore des tonnes de choses à faire moi. Laver les draps, ranger la lessive de la veille, terminer les cartons et les valises, faire le ménage, et surtout aller à la banque. Christophe me demande un dépôt car il a peur que je ne fasse pas la vaisselle. Nan, je rigoooole. En fait il faut que j’aille faire certifier par ma banque le chèque que les services d’immigration m’ont retourné par la poste. On me demandait un « chèque de banque original en dollars canadiens », j’ai envoyé un chèque de mon chéquier canadien. Comment pouvais-je deviner que « original » voulait en fait dire « certifié par la banque » ? Du coup ça retarde le traitement de mon dossier. Quelle connerie, franchement.

 

 

 

Bon, ok. Ca ici, ça là. Ce carton dans le coin, l’autre ici. Fermer la valise. Passer l’aspirateur. C’est bon, je cours à la banque.

 

 

 

Dans la rue, surprise de taille : les passants se baladent tête nue, sans gants, manteau ouvert. C’est vrai que –8ºC, par rapport à ce qu’on a eu cette semaine, c’est presque le printemps.

 

 

 

Evidemment la banque est fermée. On est samedi après tout. Et malheureusement pour moi, l’honorable établissement ferme à 15h tous les jours sauf le jeudi, ce qui va retarder le traitement de mon dossier d’une dizaine de jours. Je ne m’énerve pas : depuis hier soir, je suis zen.

 

 

 

Retour au hammam. Je vais dire au revoir à mon grand ami Richard, celui qui collectionne les objets trouvés dans des poubelles. J’ai en effet décidé de lui donner mon petit poste de radio, cadeau Yves Rocher, et quelques chewing-gums (on se souvient que Richard aime beaucoup mes chewing-gums qui lui servent de monnaie d’échange contre des bouchons de stylos bics et des capsules de bouteilles de bière.) Comme d’habitude, il veut me faire pénétrer dans son antre. Comme d’habitude, je refuse, je suis pressée, mais comme d’habitude il insiste, et comme d’habitude je cède. L’odeur est insoutenable: c’est l’hiver, on vit fenêtres fermées. J’ai un haut le cœur, je passe en mode apnée et je m’enfuis au bout de 3 minutes, prête à vomir. 10 minutes plus tard, de retour chez moi, j’ai encore cette odeur épouvantable dans le nez et le cœur au bord des lèvres. Ce n’est sûrement pas la dernière fois que je vois Richard car il traîne tout le temps dans la rue l’été, mais c’est certainement et définitivement la dernière fois que je mets les pieds chez lui.

 

 

14h15, Christophe débarque. Il a loué une voiture Communauto pour l’occasion. Mais si, Communauto, vous savez bien, je vous en ai déjà parlé. C’est un système de location de voiture à l’heure peu onéreux. On réserve sa voiture sur Internet, on se pointe au parking, on ouvre la boîte en métal fixée à un lampadaire et dont on possède la clé, on récupère la clé de la voiture et c’est parti. Christophe a loué la voiture pour trois heures, espérons que cela suffira.

Les deux premiers allers-retours sont consacrés au transports de mes effets personnels, entendez deux tonnes de fringues, les fameux 37 pots de crème, des bougies, des encens, des guirlandes et les mille autres babioles qui remplissent mon appartement. Le troisième trajet est consacré au matelas de mon futon, celui que Laurence m’a donné plusieurs mois auparavant et qui est ma seule possession mobilière. Le quatrième trajet est réservé au transporte de l’armature en bois. Manque de chance, le coffre de la voiture ne communique avec l’arrière que grâce à un minuscule trou, prévu pour les skis mais pas pour les futons. Digne héritière de Mc Gyver, ayant plusieurs années de scoutisme à mon actif, j’imagine un stratagème dont je suis particulièrement fière : poser des cartons sur le toit de la voiture pour le protéger puis scotcher le futon. Pour ne pas couper le scotch en refermant les portières, nous passons par les fenêtres. Au moment de rentrer dans la voiture, le fou rire : les portières ont été scotchées avec le reste…  A part ce petit détail, l’ensemble est une réussite : nous arrivons à bon port sans avoir eu à porter le futon. Ce qui nous fait un total de 3 canapés pour un seul appartement…

 

 

Comme dans tout déménagement qui se respecte, la fin de journée et le lendemain sont consacrés aux rangements. On en profite pour faire le ménage, réorganiser les placards et voilà que l’intégralité du week-end a été consacrée à des corvées, qu’on est épuisé et qu’il faut déjà reprendre le travail. Pas grave, je suis bien contente quand même.

 

 

Je vous fais une grosse bise et vous reviens très prochainement avec le récit des joies de la vie à deux.

 

 

Aurélie, coloc. épanouie

 

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29 janvier 2005 6 29 /01 /janvier /2005 00:00

 

 

Depuis quelques temps…

 

 

 

 

Depuis quelques temps, je vis à Montréal et je m’y plais bien.

 

 

 

Depuis quelques temps je réalise que rentrer en France en avril, ça ne me dit rien du tout.

 

 

 

Et depuis quelques temps je me dis que je resterais bien ici beaucoup plus longtemps que prévu.

 

 

 

Alors pour quelques temps, je ne sais pas vraiment combien de temps, je vais m’installer au Canada.

 

 

 

J’ai envoyé ma demande de visa permanent au début du mois.

 

 

 

 

 

Depuis quelques temps, je passe le plus clair de mes loisirs en compagnie d’un certain Belge dont je vous parle sans arrêt.

 

 

 

Depuis quelques temps, je me dis que je l’aime vraiment bien ce Belge.

 

 

 

Et depuis quelques temps je constate que j’ai tout le temps envie d’être avec lui.

 

 

 

Alors pour quelques temps, et j’espère pour plus longtemps que ça, nous allons nous installer ensemble.

 

 

 

Je déménage tout à l’heure.

 

 

 

 

 

Mais dans quelques temps, en principe dans pas trop longtemps, je rentrerai en France vous dire un petit bonjour, parce que vous me manquez et que je ne peux pas vivre trop longtemps loin de vous.

 

 

 

A bientôt donc, mes amis. Ne m’oubliez pas tout à fait.

 

 

 

Aurélie

 

 

 

 

 

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26 janvier 2005 3 26 /01 /janvier /2005 00:00

 

 

Après-midi d’hiver

 

 

 

 

Dimanche dernier il faisait un froid épouvantable mais Montréal baignait dans le soleil. Ciel bleu marine, sans nuage. La journée d’hiver idéale. Mue par une soudaine envie de prendre l’air, j’arrive à convaincre Christophe de crapahuter sur le Mont-Royal, on ne va pas rester enfermés par un temps pareil quand même, repeindre la cuisine quelle idée…

 

 

 

Comte tenu de la température ambiante, pas question de partir le ventre vide (de toutes façons, je ne sors jamais le ventre vide, c’est une question de principe.) Nous faisons donc une halte-brunch chez Dusty’s : œufs au plat, fèves au lard, saucisses, bacon, pommes de terre rissolées et toasts – pardon, rôties. Un régal. Tiens, mon collègue de travail que j’aperçois quelques tables plus loin a l’air d’apprécier lui aussi. Mais… il est avec une fille !! Cool, des trucs à raconter au bureau lundi.

 

 

 

Rassasiés, nous entreprenons l’ascension. Inutile de dire que j’ai revêtu ma tenue des grands jours : tee-shirt, col roulé en laine-qui-ne gratte-pas-ouf, polaire, écharpe, manteau magique avec capuche magique, jean, survêtement par-dessus le jean, chaussettes, encore chaussettes, bottes de combat, gants. Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit : je porte désormais un survêtement par-dessus mes pantalons pour sortir (finalement ça ne s’appelle pas « survêtement » pour rien.) C’est LE truc imparable pour ne pas avoir froid aux jambes.

 

 

 

     

 

 

Sur notre route vers le sommet nous croisons entre autres : des glisseurs fous en magic carpets, des skieurs de fond, des vélos, un traîneau avec des chiens-loups, des marcheurs en raquettes. J’hallucine totalement. L’impression d’ère en vacances à la montagne ou dans un univers parallèle. Arrivée en haut, je découvre le Lac aux Castors gelé, parsemé de patineurs et une immense piste de luge encombrée de jeunes et de moins jeunes. Je suis aux anges. Il me semble bien que je rigole bêtement toute seule.

 

 

 

 

 

     

 

 

Hop, un petit tour par le point de vue, quelques photos du panorama pour montrer à mes petits-enfants – tu vois ça c’était quand Mamie vivait au Canada – et nous décidons de rentrer. C’est que Christophe n’a pas de manteau magique, lui, ni de bottes de combat, alors il commence à avoir très froid.

 

 

     

 

 

 

Bon ben, on n’a qu’a redescendre de l’autre côté. Mais si je t’assure ça prend le même temps…

 

Euh… ben non en fait, il semblerait que ça ne prenne pas le même temps. Et à vrai dire, je crois même qu’on est perdus.

 

 

 

De la neige jusqu’au genou, je commence à trouver que mes bottes de combat pèsent lourd.

 

 

 

Bon ok, on va demander note chemin, comme si on était des touristes.

 

Ah non par la vous ne pouvez pas redescendre (ben, désolée.) Vous allez par là, vous faites tout le tour, vous tombez sur le point de vue (retour à la case départ… ben, désolée) et vous descendez d’l’aut’bord.

 

Tabaslak ! Dites moi pas que c’est pas vrai qu’on en a encore pour des heures ?!?!? Ben si, c’est vrai.

 

 

 

Ok Aurélie, c’est le moment d’adopter le profil bas. T’as fait la maligne avec tes raccourcis alors maintenant tais-toi et marche. Je fais que ça en l’occurrence. Ok je me tais.

 

 

 

 

 

 

 

 

2h plus tard, au bord de l’évanouissement, retour à la civilisation. Christophe propose de se réchauffer en faisant les courses au Provigo (excitant !). Sauf que moi je ne suis pas du tout en état d’affronter des caisses démoniaques qui m’en veulent personnellement, je le sais.

 

 

 

J’erre comme une âme en peine à travers les rayons, incapable de prendre une décision quant à mes menus de la semaine, quand Christophe me proposer de manger de la fondue le soir même. C’est qu’il sait parler aux femmes cet homme-là (enfin à mon genre de femme c’est à dire celui qui ne fait pas de régime ou, plus précisément, celui des ogresses.) P’têt même que je vais arrêter d’être de mauvaise humeur pour la peine. Et on pourrait manger du Nutella en dessert ? Parce que si c’est comme ça je veux bien marcher des heures dans la neige tous les week-ends. Quand on me prend par les sentiments…

 

 

 

Je vous fais à tous de grosses bises, même aux flémards qui sont restés devant la télé tout le week-end.

 

 

 

Aurélie, sportive accomplie.

 

 

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18 janvier 2005 2 18 /01 /janvier /2005 00:00

 

Supermarché

 

 

 

 

Les supermarchés québécois me réservent bien des surprises…

 

 

La première fois que je suis allée chez Provigo, l’hyper le plus proche de chez moi, j’ai découvert avec stupéfaction les caisses où l’on enregistre soi-même ses achats. Evidemment je me suis immédiatement dit à moi-même , en mon fors intérieur - et à qui d'autres aurais-je pu le dire vu que je ne connaissais personne ? Ben oui, c'est triste de ne pas avoir d'amis avec lesquels partager des réflexions aussi percutantes que celle qui va suivre... - que les Québécois devaient être drôlement honnêtes et qu’un tel système ne pourrait jamais fonctionner à Paris. Vous imaginez ? Croire que les clients vont enregistrer tous leurs achats, sans essayer de truander. Faudrait être vraiment très naïf, limite con.

 

 

Et puis je me suis rendue compte que ces caisses-là étaient douées d’un 6ème sens.

 

 

J’avais acheté deux articles identiques ; je crois bien que c’était des paquets de Kiri, je m’en faisais péter la panse à l’époque. Faisant montre d’esprit pratique comme à mon habitude, j’en fourre un dans mon sac et je garde l’autre à la main, décidée à le scanner deux fois (non, je n’essayais pas de gruger, je le jure.)

C’est alors que la machine se met à me hurler des ordres.

 « Veuillez lire le code-barre de l’article ! » Ok, je scanne le code du paquet que j’ai en main.

« Veuillez retirer l’article du sac et lire le code barre ! » Hein ! Mais c’est le même, abrutie ! Je retente.

« Veuillez retirer l’article du sac et lire le code barre ! » Ok, ok, faut pas s’énerver. Je sors le maudit Kiri du sac et je le repose dans la pile à ma gauche. Je lis le code-barre du paquet que j’ai en main et tente de le lire une seconde fois dans la foulée.

« Veuillez déposer votre article dans le sac ! » Je reprends le Kiri de la pile de gauche et le pose dans le sac.

« Veuillez retirer l’article du sac et lire le code barre ! » Oh putain ! Ca commence à m’énerver ce truc. En plus, cette satanée machine parle de plus en plus fort et il me semble bien qu’un vigile se dirige vers moi. Ok, j’abandonne. Je pose le premier Kiri dans le sac et je lis le code-barre du second Kiri. Bilan des opérations, 10 minutes de perdues. On ne niaise pas avec ces machines-là. De la même façon, inutile d’essayer de lire plusieurs articles à la suite puis de les poser tous en même temps dans le sac. C’est un combat perdu d’avance.

 

 

Après Provigo, c’est Métro qui m’a réservé la surprise du chef.

 

 

Le bureau où je travaille possède une cuisine mise à la disposition des employés pour préparer leur dîner, c’est à dire leur déjeuner, en français de France (mais pas de Belgique), car ici (et en Belgique donc),  on ne petit-déjeune pas : on déjeune, on ne déjeune pas : on dîne, on ne dîne pas : on soupe.

Cette solution étant nettement plus économique et donc nettement plus adaptée à mon salaire que la version « je vais manger un poulet-frites / un japonais / un hamburger dans le quartier », je l’ai rapidement adoptée. Ainsi, je descends chaque semaine faire mes petites commissions au supermarché de la galerie commerciale située au sous-sol du building où je travaille (ça fait un peu grand-mère dit comme ça, non ?).

Aujourd’hui c’est lundi, il me fallait donc renouveler mon stock. C’est en errant à travers les allées à la recherche de je-ne-sais-quoi de sucré pour le dessert, que j’ai découvert avec saisissement que l’on pouvait acheter des hosties au supermarché. Oui messieurs-dames, des hosties. Hosties rondes, 2,99$ la boîte de 90 grammes, composition : farine, eau, peut avoir été en contact avec des noix et arachides. J’imagine le curé du coin venant renouveler son stock, pour sa consommation personnelle et celle de ses fidèles paroissiens…A moins que certains parents en donnent à leurs enfants pour le goûter ? « Bob, tu pèses 120 kg à 10 ans, c’est largement suffisant. Terminés les Mars à 4 heures. Désormais, tu mangeras des hosties : c’est moins calorique et ça ne contient pas de gras trans ! Et ne réplique pas à ta mère, insolent. »

 

 

Quand même, acheter des hosties au supermarché… moi je dis, franchement… eh ben je ne sais pas quoi dire, tiens ! (Tant mieux ça nous fait des vacances !)

 

 

 

 

Grosses bises à tous.

 

 

 

 

Aurélie, 1000 calories / goûter.

 

PS du 24 janvier : Ma nouvelle copine virtuelle, Coyote des neiges (qui a elle aussi un blog et qui y raconte, entre autres, les mésaventures d’une québécoise en France : http://coyote-des-neiges.blogspot.com) m'informe, photo à l’appui (mais je n"arrive pas à la télécharger) que l’on trouve également au supermarché des retailles d’hosties. Comprenez ce qui reste de la grande feuille rectangulaire quand on a fini de découper des petites ronds dedans. Ah la la, la vie est pleine de surprises !

 

 

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15 janvier 2005 6 15 /01 /janvier /2005 00:00

 

Trompettes de la renommée…

 

 

 

 

Depuis que j’ai créé ce blog c’est à dire depuis que mes chroniques sont lues par d’autres gens que mes-amis-de-France à qui elles étaient destinées à l’origine, j’ai pu constater que mes petites aventures intéressaient un certain nombre de personnes. Certains lecteurs sont gentils et élogieux et ça fait vraiment, vraiment plaisir. D’autres le sont moins…

C’est ainsi que j’ai découvert que mon blog avait fait l’objet d’une intéressante discussion sur un site québécois dont je préfère taire le nom – pas besoin de faire de la pub. aux imbéciles.

 

 

Objet de toutes les attaques, deux de mes chroniques : les numéros 5 : Barbecue, et 21 : Choc Culturel.

Dans la première je raconte un barbecue chez mon amie Roxane et comment j’ai découvert qu’il fallait souvent apporter ce que l’on voulait manger et boire dans les « partys ».

Dans la seconde je raconte que l’on m’a expliqué que les Québécois se rasaient de près (ce que je démens d’ailleurs dans une chronique suivante, ayant eu un nouveau témoignage sur le sujet.)

 

 

Apparemment donc, je suis une conne, je n’ai rien compris à la vie et je fais des généralités débiles.

 

 

Je bats ma coulpe. C’est vrai que j’aurais du mettre en « en-tête » : « Blog réservé aux personnes dotées d’humour », simplement je n’y ai pas pensé.

 

 

Remarquez, heureusement que je sais qu’il y a des québécois qui me trouvent drôle sinon je commencerais à me poser des questions.

 

 

Dur, dur d’être une femme publique !

 

Gros bisous

 

Aurélie

 

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12 janvier 2005 3 12 /01 /janvier /2005 00:00

 

 

Glissades

 

 

Après la crazy carpet, les glissades version grand modèle aux pentes des pays d’en haut. (Pour voir à quoi ça ressemble, vous pouvez cliquer ici : http://www.pente-des-pays-den-haut.qc.ca). Dimanche dernier, me voici debout à 8 heures – 8 heures … un dimanche ! – pour aller rejoindre un ami qui s’en allait glisser avec une bande de potes et avait de la place dans sa voiture.

 

 

Les 25$ du ticket d ‘entrée donnent le droit de faire du rafting et du tube pendant 4 heures. Le rafting c’est un grand bateau pneumatique dans lequel on s’entasse à 8. Le rafting existe également en version ronde plus communément appelée « Je vais te dégueuler dessus dans 10 secondes. »

J’ai moyennement aimé ça, avide que je suis de sensations fortes : le bateau se traîne et les virages ne sont pas ce qu’on peut appeler vertigineux.  J’avais prévenu tout le monde que j’allais probablement crier, mais c’est parce que je croyais que ça allait être drôle et flippant. Silence de tombe.

 

 

Les tubes, ce sont des chambres à air de camion. De celles pour lesquelles on se battait à la piscine quand on avait 7 ans (en fait les autres se battaient et moi je regardais, sachant que c’était perdu d’avance – je suis devenue plus teigneuse depuis.) Là c’est beaucoup plus drôle. On peut y aller seul ou en chenille, chacun tenant les pieds de celui qui se trouve derrière lui. Comme d’habitude, je préfère la version solo. Même si on se met parfois à faire la toupie ce qui est tout à fait désagréable.

 

 

Au bout d’une heure et demi, pause déjeuner avec au menu… de la poutine ! Je ne sais plus si je vous en déjà parlé mais la poutine est LE plat typiquement québécois. Il s’agit – âmes sensibles s’abstenir – de frites accompagnées de crottes de fromage (un genre de mozarella caoutchouteuse en petites boules) le tout couvert de sauce gravy (sauce brune). Un régal. Si, si,j’vous jure ! Et parfaitement adapté au climat local. Bon ok, j’en mangeais déjà régulièrement cet été, mais c’est parce que je faisais beaucoup de sport…(est-ce que quelqu’un va croire ça ? Je m’interroge…)

 

 

Retour sur les pistes un peu plus tard. On retente le rafting. C’est un peu plus drôle car ça va plus vite que le matin mais ce n’est toujours pas ma tasse de thé. Pendant la remontée, nous nous balançons des boules de neige et l’enfant (le vrai enfant je veux dire) qui nous accompagne est consterné.

 

 

Ensuite, de nouveau le tube. Comme les pistes les plus intéressantes sont les plus longues et que les pistes les plus longues sont également celles qui ne sont pas desservies par le télésiège, l’après-midi s’avère assez fatigante. J’mangerais bien une autre poutine moi.

 

 

Retour au bercail à la nuit, mais ici il fait nuit à 16h30. Encore largement le temps de mater quelques épisodes de Six Feet Under !

 

 

Aaaaaaaaaaaaaaah… Week-end, week-end, si seulement la semaine n’était faite que de week-ends !

 

 

Attendant le prochain avec impatience, je vous bise.

 

 

Aurélie, tubo-bolide.

 

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7 janvier 2005 5 07 /01 /janvier /2005 00:00

 

Magic Carpet

 

 

 

Hier soir, tempête de neige. Visibilité nulle, 20 cm de neige en 3 heures.

 

 

Je sors du bureau, ficelée dans mon manteau magique, capuche enfoncée jusqu’aux yeux et je découvre avec ravissement une belle neige fraîche, tout blanche, légère. Trois mots me viennent immédiatement à l’esprit : bonhomme de neige. Je commence à rigoler toute seule à cette idée, je prévois de passer prendre Christophe qui sera forcement enchanté par ma proposition, je réfléchis à la meilleure place : premier petit parc près de chez moi ou second petit parc près de chez moi?

 

 

Toute à mon excitation, je remonte allègrement le boulevard Saint Laurent et soudain… je croise une femme avec une luge à la main. Bon sang mais c’est bien sûr ! Un bonhomme de neige c’est plate (=nul). Je vais aller faire de la luge.

 

 

Je m’arrête à la quincaillerie, je discute le coup avec le vendeur et je finis par jeter mon dévolu sur une « magic carpet » à 4,50$, c’est à dire une sorte de serviette de plage en plastique avec des trous pour se tenir. Le sac poubelle des temps modernes. Tout le monde dit que c’est génial et je tiens absolument à me faire ma propre opinion. De plus en plus excitée, je me précipite chez Christophe. Surprise, on va faire de la luge !!

- Euh… ah bon?

- Oui ça va être génial, y a plein de neige,  vite, vite, vite !

- Euh… ah bon?

- Mais oui ça va être génial, y a plein de neige,  vite, vite, vite !

- Mais Aurélie…

- Quoi? Dépêche-toi enfin, ça va être génial, y a plein de neige,  vite, vite, vite !

- Mais Aurélie, c’est la tempête de neige…

- Ah oui.

 

 

Il en fallait plus pour nous arrêter. N’écoutant que notre courage, nous enfilons notre pantalon de ski et direction les pentes du Mont Royal. Comme prévu, l’endroit est désert, hormis 3 autres irréductibles.

 

 

Première tentative en binôme. Hurlements, fou rire : je m’amuse comme une folle mais nous n’allons pas bien loin.

 

Deuxième tentative en solo, à plat ventre, tête en avant. Encore plus de hurlements et toujours le fou rire. Je meurs de trouille mais je m’amuse comme une folle. Une heure durant, nous alternons les combinaisons pour arriver à la seule conclusion possible : il nous faut une deuxième carpet pour faire la course !

 

 

Epuisés, courbatus, affamés, couverts de neige, nous décidons finalement de regagner nos pénates. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas amusée comme ça!! Eh oui, c’est ça la vie à Montréal : on peut aller faire de la luge en sortant du boulot.

 

 

Aujourd’hui le soleil brille et Montréal resplendit sous son manteau immaculé. Parfois c’est sympa l’hiver…

 

 

Vous souhaitant de garder votre âme d’enfant, je vous fais une grosse bise.

 

 

Aurélie, trentenaire, 5 ans d’âge mental.

 

 

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3 janvier 2005 1 03 /01 /janvier /2005 00:00

 

 

 

Une semaine à La Havane

 

 

 

Pas facile d’aimer La Havane au premier coup d’œil… Dans les grandes artères se massent des dizaines de voitures exhalant une épaisse fumée noire et puante. Asphyxié, anéanti par le vacarme infernal des vieux moteurs, on court se réfugier dans une petite rue et là c’est pire. Chaussée défoncée, flaques d’eau croupie, bennes à ordures débordantes et pestilentielles, immeubles en voie d’effondrement ou carrément effondrés, chiens pelés, galeux, morts de faim… Partout la sensation de crasse et de misère. On se surprend à regretter de ne pas avoir choisi la formule « tout compris » au bord de la plage. On maudit son soi-disant amour de la découverte, on se jure qu’on ne se vantera plus d’être un vadrouilleur, on a presque envie de pleurer en envisageant le cauchemar que ne manquera pas d’être le séjour. Et puis… et puis on s’habitue et on commence à apprécier ce que les guides touristiques nomment le charme décadent de La Havane.

 

 

     

 

 

 

A chaque coin de rue une façade ouvragée ou une vieille américaine – Dodge, Buick, Chevrolet – rappelle l’histoire de la ville. Partout des enfants jouent à la toupie et au base-ball. Les vieux claquent les dominos à la  lumière du soleil ou de l’un des rares lampadaires de la ville. Les femmes bavardent sur le pas de la porte, tranquilles, les hommes regardent le temps passer accoudés au balcon. Certains font cuire du poisson sur un feu de camp improvisé en pleine rue, d’autres espèrent gagner quelques pesos en vendant des sucres d’orges aux passants, d’autres encore, et ils sont nombreux ceux-là, font la queue. On ne sait pas bien ce qu’ils attendent mais c’est dit : il y a des choses qui nous échappent dans ce pays. Comme les contrôles policiers incessants et inopinés qui semblent toucher tout le monde sans distinction et sans que nous comprenions ce qui les motive.

 

 

   
     
     

 

 

 

Le soir, les rues sont noires. Pas d’électricité sauf dans les quartiers touristiques. Mais on entend des voix, on sent des présences. A croire que le Cubain ne dort jamais. D’ailleurs nous sommes épuisés à force d’être réveillés la nuit. Combien y a-t-il de personnes dans cette maison ? Et surtout, combien y a-t-il de personnes qui ne possèdent pas la clé et qui sonnent à trois heures du matin ? Ah oui, nous dormons chez l’habitant. Moins cher, plus convivial.

 

Rosie et Ester, les domestiques, qu’Isabel la maîtresse de maison présente comme ses amies, nous font la causette chaque matin et chaque soir dans une langue que nous avons inventée pour l’occasion et qui mêle allègrement le français, l’espagnol et l’anglais. Rosie nous apprend que sa fille Evelyne va partir travailler au Canada – elle fait des études d’ingénieur. Ah bon, on peut partir ? Oui, si on a une invitation et que le gouvernement nous donne une autorisation spéciale. Après, il suffit de ne pas rentrer, de disparaître dans la nature. Parce qu’ici c’est « una dictatura. » On n’osait pas en parler les premiers. Le mari d’Isabel, lui, est allé en Tchécoslovaquie avec sa femme. Il y a été envoyé par le gouvernement, pour le récompenser de ses bons et loyaux services car il travaille dans la Garde Nationale. Je me demande ce que signifient « bons et loyaux services » quand on est policier au sein d’une dictature communiste… Il vaut peut être mieux ne pas le savoir.

 

La vie est très chère pour le touriste de passage à Cuba. Il faut bien que le gouvernement ramasse un peu de devises. La manne touristique est totalement accaparée par le gouvernement et tous les restaurants et bars (pour touristes) sont la propriété du mystérieux Habaguanex S.A. Lorsque les Cubains sont autorisés à posséder un restaurant (paladar) ou à louer des chambres (casas particulares), ils sont littéralement écrasés par les taxes. Il faut dire que depuis la chute de l’URSS, les rentrées d’argent se sont faites rares. L’économie du pays est dévastée. Il y a bien des magasins mais ils sont vides. Nous l’avons constaté de nos propres yeux en faisant un petit tour dans des grands magasins et galeries commerciales. Les seuls magasins approvisionnés sont ceux où l’on paie en pesos convertibles (CUC), la monnaie réservée aux touristes. On se demande comment les Cubains arrivent à y acheter quelque chose vu que le salaire moyen est de 15 CUC par mois, mais ils y arrivent. Certains du moins. Encore quelque chose qui nous échappe. Rosie, elle, ne s’achète jamais de tukola (le coca local) ou de biscuits (une seule sorte, presque immangeable), jamais rien en fait. Elle change seulement ses pesos nationales pour des convertibles afin d’acheter du savon et du détergent. Et pourtant elle est sans doute mieux payée que la plupart des employés : 20 CUC par mois.

 

Dans l’interminable file d’attente de la banque, je constate et je m’étonne que de nombreuses personnes portent des Nike. Ce doivent-être des fausses. Mais non, il y a bien un magasin qui en vend dans le centre-ville : 95 CUC la paire… Quand je dis que quelque chose nous échappe.

 

Pour les produits de base, il y a des tickets de rationnement que l'on utilise dans les magasins communautaires et qui doivent assurer une répartition égalitaire du ravitaillement. Ça fonctionne : tout le monde manque de tout. Je ne sais pas quelle est la part de responsabilité respective de l’embargo et de la gestion économique du régime en place mais j’ai quand même tendance à penser que priver volontairement une population civile de nourriture et de médicaments est assez lâche. Surtout de la part d’un pays qui prétend donner l’exemple au reste du monde.

 

 

 

 

 

 

Constamment, nous sommes pris à parti. Taxi my friend, cigares my friend ? Nous avons un nombre incroyable d’amis à La Havane. Discrètement. Car les Cubains n’ont pas le droit de parler aux étrangers à moins qu’ils ne travaillent officiellement dans le tourisme. L’homme qui nous a conduits à l’aéroport, un ami d’Isabel, nous a prévenus : si on nous arrête, il faut dire que nous nous sommes rencontrés en Espagne en 1997. Parce que lui, il a eu la chance de voyager – il est économiste. A l’aéroport, il me claque une bise, probablement en souvenir de notre rencontre en Europe.

Nous avons croisé un prof de français bien content de pouvoir pratiquer un peu qui nous a faussé compagnie dès qu’il a aperçu un képi – un béret en fait, en nous expliquant discrètement qu’il ne devait pas être vu avec nous. Et des bérets, il y en a. Un policier tous les 50 mètres environ. Après avoir ébauché une sorte d’ouverture sur l’étranger à la fin des années 1990, Castro a fait volte-face et a de nouveau durci le régime. Une centaine de personnes, opposants au régime, intellectuels, a été arrêtée au printemps 2003 et croupit en prison (3 ont été exécutés). Amnesty International dénonce les tortures dont sont victimes les prisonniers politiques. On comprend que le prof de français fasse gaffe.

Certains engagés politiques diront que le régime a sauvé le pays de l’analphabétisme, amélioré le système médical, le réseau routier. C’est vrai. D’ailleurs le gouvernement ne perd pas une occasion de le rappeler à ses concitoyens. Toutes les demi-heures, un spot publicitaire en avise le téléspectateur. Pour ceux qui n’ont pas la télé, les affiches feront l’affaire. Et quand on n’a pas d’affiche, on peint les murs. « Le socialisme ou la mort. » Au moins on est prévenu.

 

 

     

 

 

 

Le visage de Che Guevara est omniprésent. Fidel Castro fait honneur à son prénom. Je n’en peux plus de voir sa tronche stylisée sur tous les murs de la ville et d’entendre chanter ses louanges dans tous les bars et restaurants. Les musiciens ont deux tubes dont ils abreuvent les touristes : Che Guevara et Guantanamera. Impossible de boire un mojito sans les subir. Ca me rend aussi malade que les chants de Noël avant de partir. Et en plus on devrait les payer pour ça (si ce n’est acheter leur disque) !

 

     

 

 

Pour ceux qui n’ont que de vagues souvenirs de leurs cours d’histoire, et dont je faisais partie il y a quelques jours, je rappelle qu’Ernesto Guevara, dit Che Guevara, a aidé Castro à renverser le dictateur Batista en 1959. Il est ensuite allé sauver d’autres peuples (Congo, Bolivie) avant d’être assassiné par la CIA. Un emmerdeur pour les Américains, un héros pour certains, un mégalomane égocentrique de mon avis personnel : je suis fatiguée des messies et sauveurs en tout genre. (Mais c’est parce que je suis blasée et sans idéal…)

 

 

 

La Havane se situe au bord de l’eau. Son port, régulièrement pillé par les pirates, a longtemps assure sa prospérité. Aujourd’hui, il fait bon flâner sur le Malecon – le boulevard qui longe la mer – quand les vagues ne sont pas trop grosses (sans quoi on se fait asperger.) Quand il fait beau, on se promène en amoureux, on sort sa canne à pêche ; les gamins se baladent sur les rochers et barbotent. Pas les touristes. Les touristes, eux, se rendent en taxi sur les « plages de l’Est », sable blanc et cocotiers. Nous sommes des touristes comme les autres (à part que nous négocions les prix du taxi) et nous y avons donc passé deux après-midi fort agréables. On était loin de l’hiver québécois, et assez contents d’y être. Ah, se faire arracher son maillot de bain par les vagues. Ah, manger du poisson grillé sous un parasol. Ah, acheter une malheureuse noix de coco 2$ / CUC. Les vacances quoi ! Le poisson grillé est d’ailleurs à peu près la seule chose mangeable dans ce pays. Pas étonnant, c’est sûr, mais on espère quand même toujours un peu de cuisine locale. La seule cuisine qui soit à peu près locale c’est le riz aux fèves et les bananes plantin frites. A part ça on mange des morceaux de poulet non identifiés et du porc desséché. Point. Le tout à des prix exorbitants.

 

     
     
     

 

 

 

Les trois principaux quartiers de la ville sont Habana Vieja – la vieille ville, Habana Centro et le Vedado. Nous les avons arpentés dans tous les sens. La vieille ville est peu à peu rénovée grâce aux revenus du tourisme et aux fonds de l’Unesco (la ville est classée au patrimoine mondial de l’humanité.) Certaines rues et places ont franchement fière allure (mais moins de charme.) Dans le centre pas grand chose à voir si ce n’est une ruelle entièrement relookée par un artiste loufoque que les grandes capitales s’arrachent si l’on en croit le guide du Routard. Pour le reste, beaucoup d’immeubles délabrés, effondrés ou consolidés par des poutres en bois. Le Vedado est plus résidentiel avec des arbres et beaucoup de belles maisons, plus très en forme neanmoins. Dans certaines rues on se croit à la campagne avec de l’herbe et des poules. Il y a aussi Miramar, le quartier des ambassades et des hôtels de luxe mais c’est un peu excentré et nous  n’y sommes pas allés.

 

 

     

 

 

 

Pour les Cubains aussi, le principal mode de transport est les pieds mais il y a également beaucoup de vélos (et de bicy-taxis). Il y a aussi des bus, toujours bondés, qui sont en fait des semi-remorques et que nous n’avons pas empruntés. D’abord parce qu’on préfère marcher, ensuite parce qu’il y en a peu et surtout parce qu’il faut payer en pesos nationales et que nous n’en avions pas ; nous avons essayé de nous en procurer à la banque, sans succès, et avons renoncé assez rapidement sachant qu’ils ne servent de toutes façons que pour le bus (les touristes doivent tout payer en pesos convertibles. Oui je sais c’est vraiment bizarre cette histoire de double monnaie.)

 

 

     

 

 

 

Le 31 décembre (chacun sait combien j’aime les festivités du Nouvel an), nous avons mangé au restau comme tous les soirs et bu des cocktails dans un bar comme tous les soirs. Mais nous avons aussi découvert les coutumes locales : balancer de l’eau par-dessus le balcon et lancer des œufs et des noix de coco. Ca paraît étrange de jeter la nourriture par les fenêtres (littéralement) quand on en manque, mais si ça porte bonheur…

 

 

 

Vous l’aurez compris, la semaine est vite passée et je suis ravie de mon voyage. De retour à Montréal je constate qu’il y a toujours des guirlandes de Noël sur les maisons, des chants de Noël à la radio et de la neige sur les trottoirs. En fin de compte rien n’a changé à part moi qui ai du rhum plein les veines.

 

 

 

 

J’espère que vous avez tous passé de bonnes vacances (si vous aviez des vacances) et que vous allez me les raconter.

 

 

 

Grosses bises.

 

 

 

 

Aurélie de retour au Canada

 

 

 

 

PS : ne vous étonnez pas si vous ne recevez pas de carte postale. La poste cubaine n’étant pas des plus performantes, j’ai décidé de m’abstenir.

 

 

 

 

 

 

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25 décembre 2004 6 25 /12 /décembre /2004 00:00

 

Cuba, sí !

 

 

 

 

Ne vous étonnez pas si vous n’avez plus de nouvelles de moi pendant une semaine : tannée du froid et de la neige, je m’en vais à La Havane.

Aaaaaah, Cuba. Le soleil, la plage, une dictature communiste. Dans mes bagages, un maillot de bain, une serviette de plage, des tongs et environ 2000 tonnes de savon et de stylos bics. Il paraît qu’on en manque cruellement là-bas. On manque aussi de médicaments, d’essence et de tout un tas de biens essentiels, mais je ne peux pas tout emporter. Embargo, vous avez dit embargo ?

 

 

 

Je vais sans doute prendre une bonne claque dans ma petite figure de consumériste trop gâtée mais je compte aussi danser la salsa, boire des moJitos et attraper des coups de soleil. Vivent les vacances !!!

 

 

Grosses bises à tous. Bonne année, bonne santé et tout le kit.

 

 

Aurélie

 

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