Iles de la Madeleine
Tout le monde me le disait : « Les îles de la Madeleine, c’est génial ! » Le seul problème, c’est que les îles de la Madeleine c’est loin… 1300 km de route + 5 heures de bateau. Le bout du monde, quoi. Surtout quand on doit rouler à 100km/heure sur l’autoroute, laquelle ne couvre pas la moitié du chemin, et 90 km/heure sur les routes standard, 70 dans les descentes, 50 dans les villages et 30 quand il y a des travaux. Et les travaux sur les routes, l’été, il y en a...
1300km, en bon européen qui roule à 150km/heure, on estime ça à disons 10-11 heures de route, en incluant les pauses. Ici, il faut compter 15-16 heures de route incluant les pauses. Ah oui, parce que, aussi, j’oubliais de vous dire, où ai-je la tête : quand on veut prendre de l’essence, il faut la plupart du temps sortir de l’autoroute pour se rendre au village le plus proche, ce qui prend une demi-heure supplémentaire à chaque plein (en revanche, l’essence reste moins dispendieuse qu’en France, et ce bien que les prix aient littéralement flambé ces dernières semaines, passant d’environ 90 cents à 1,50 dollars le litre, voire plus certains jours !!) Tout ça pour dire qu’on ne peut pas torcher ça en en trois jours. Pour aller aux îles de la Madeleine, il faut avoir le temps de prendre son temps. C’est justement mon cas en ce moment, ça tombe bien. Départ vendredi 26 août dernier, à 7h30. Parfois, je ne sais pas ce qui m’arrive, je deviens presque une personne normalement constituée, c’est à dire qui se lève tôt quand elle a de la route à faire… Deux jours de trajet, en passant par le Nouveau Brunswick où les gens ont un drôle d’accent (ah… la question des accents au Canada!), puis traversier et arrivée aux îles dimanche soir. Ma présence sur le sol madelinot aura duré 4 jours entiers et 6 nuits de camping (ces vacances sont une sorte de mini-révolution!). 4 jours entiers… de pluie (3 jours ½ pour être exacte). Mais aussi 4 jours d’émerveillement : les paysages sont absolument superbes, et incroyablement variés. Sur cette série d’îles de quelques centaines de kilomètres carrés on trouve : des plages de sable blanc, immenses et désertes (sous la pluie, forcément…), des falaises rouges plongeant dans la mer (en fait dans le golfe du Saint-Laurent), des lagunes, des marais, des forêts, des collines, des champs, des mini-mouettes cocaïnomanes, des dunes, des phares, et partout, des maisons en bois peintes de toutes les couleurs. Je vous le dis sans hésiter : allez-y, c’est splendide ! Par contre, ne misez pas trop sur le bronzage… Même quand on ne se tape pas la queue de Katrina, il pleut pas mal. Un été pourri qu’ils ont eu les Madelinots.
Depuis plusieurs années, le tourisme s’est extrêmement développé aux îles (est-ce du à la construction du pont entre le continent et l’île du Prince Edward, long de 12,5 km et qui limite le trajet à une seule traversée en bateau au lieu de deux précédemment, je ne saurais le dire). Aussi les activités proposées pour distraire le visiteur de passage sont-elles nombreuses : centres d’interprétation d’à peu près tout, du phoque aux dunes en passant par les coquillages, les poissons, les bateaux de pêche, etc., une collection assez impressionnante de musées où je n’ai pas mis les pieds et tout un tas d’activités de plein air : kayak de mer, équitation, kite-surf, planche à voile, excursions en bateau... J’ai tenté la balade à cheval sur la plage, je suis même allée jusqu’à monter sur le cheval, mais ça s’est arrêté là pour cause d’averse de type douche. Sortie annulée. Beaucoup plus de circonstance, parce que quand on est mouillé, on est mouillé, l’excursion « flottaison dans les grottes ». Un truc génial ! En combinaison intégrale, c’est à dire extrêmement sexy, on part explorer les grottes rouges qui ponctuent la côte, on joue dans les vagues, on saute des rochers, on boit la tasse, on manque de se noyer, tout ça. Dément et crevant, épuisant, rétamant. Putain ce que la trentaine fait mal…
Ce qui est drôle, c’est que le touriste européen a l’impression d’être le seul touriste du coin, vu que tout le monde a l’accent québécois (il n’y a pas autant de Français qu’à Montréal !), alors qu’il en est en fait entouré. Dans le bar qui est devenu ma cantine, je discute avec une locale. Jetant un rapide coup d’œil alentour, elle m’apprend que toutes les personnes présentes sont des touristes. Et de m’expliquer très simplement qu’elle peut les identifier parce qu’elle ne les connaît pas. Elle enchaîne : aux îles de la Madeleine, tout le monde se connaît, les gens font très attention à ne pas faire n’importe quoi, la réputation compte énormément. Je prends soudain la mesure de ce que doit être la vie insulaire. D’un autre côté, il est assez plaisant de rencontrer les mêmes têtes à chaque coin de rue. Après 3 jours de fréquentation du même restau-bar, on a l’impression d’être un habitué, presque en famille. T’as vu, là-bas, c’est la fille du centre équestre. Ça alors, le gars de la flottaison dans les grottes est serveur au bar. Tiens, la femme qu’on a croisée sur la plage discute avec le type du dépanneur…
En résumé, je rentre de ces vacances absolument ravie, regrettant simplement que la météo ne m’ait pas permis plus de longues balades sur la plage et passablement énervée que le soleil n’ait pointé son nez que le matin de mon départ. Touka, sitôt de retour à Montréal, sitôt aux tams-tams. On ne perd pas si vite ses bonnes vieilles habitudes! Grosses bises à tous. Bon retour au boulot pour les chanceux qui en ont un ! Aurélie, maxi-mouette poïnomane. PS : Je recommande également le parc du Bic où j’ai fait un arrêt sur le chemin du retour. Très, très beau.